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Meurtres en série et de masse

par Josée Lacourse

La proposition de départ ne manque pas d’intérêt puisqu’on propose de mettre en relief la dynamique sociale et politique à l’œuvre dans ces formes de meurtres particuliers en privilégiant l’analyse des caractéristiques des victimes plutôt que celles des meurtriers.

La lecture de ce court ouvrage m’a agacée presque autant qu’elle m’a intéressée. La proposition de départ ne manque pas d’intérêt puisqu’on propose de mettre en relief la dynamique sociale et politique à l’œuvre dans ces formes de meurtres particuliers en privilégiant l’analyse des caractéristiques des victimes plutôt que celles des meurtriers tout en considérant la violence comme partie prenante de la structuration des sociétés fondées sur l’exploitation et l’inégalité. Et de fait, cette approche ne manque pas de mettre en lumière des faits intéressants quoiqu’on puisse avoir de sérieuses réserves sur la définition du phénomène des meurtres multiples. Pourquoi retenir le point de vue du FBI dont on critique fortement l’approche du profilage et qui veut qu’on identifie ces meurtres à partir du nombre de victimes (trois, pour être précis) et dont les auteurs reconnaissent pourtant les limites puisqu’un événement comme celui du collège Dawson échappe à la comptabilisation faute d’atteindre le nombre requis de victimes ? On se demande pourquoi les auteurs n’ont pas plutôt proposé une définition plus adéquate du phénomène étudié afin de reconstruire les statistiques existantes.

Pourquoi avoir mis de côté les autres crimes de masse comme les génocides, l’épuration ethnique et autres folies guerrières si ce n’est que pour favoriser le point de vue des auteurs qui veulent mettre [’accent sur « un aspect occulté de la violence » soit l’oppression des femmes par les hommes et la question de la virilité comme pivot central de la violence (p. 112-113). Si l’exercice de cette violence particulière est à mettre en rapport avec la domination qu’exerce les uns sur les autres, on comprend que la délimitation adoptée par les auteurs revient à privilégier une domination par rapport aux autres.

Reste toutefois un certain nombre d’informations intéressantes que l’approche privilégiée dans cet essai met au jour. Les meurtres en série de nature sexuelle sont presque exclusivement perpétrés par des hommes et ils frappent en très grande majorité les femmes, et parmi elles, les femmes liées à la prostitution et dans une moindre mesure, à l’industrie du sexe. Les efforts policiers étant dans de nombreux pays moins intenses dans les cas de meurtres de prostitués, les meurtriers savent qu’ils ont davantage de chances de s’en tirer indemnes. Dans une proportion plus restreinte, ces crimes auront également une connotation raciste et enfin, dans quelques cas, ils s’attaqueront à des êtres marginalisés. Dans le cas des meurtres de masse, on y apprend qu’ils se déroulent en très grande majorité dans le cadre de la famille, puis dans le cadre du travail et finalement, au sein des écoles. La notion de privation relative (p. 95) est une piste d’analyse intéressante dans la mesure où elle introduit certains aspects de la domination économique dans l’explication de l’accroissement des meurtres de masse dans la dernière décennie.

Josée Lacourse, Les Cahiers de lecture de L’Action Nationale,
Automne-Hiver 2009, vol. IV, no. 1

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Sisyphe, décembre 2009

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