Quand on lit le titre du livre, on pense à l’adolescente dont le string dépasse du jean, mais ce n’est pas que ça…
Trois questions à Mariette Julien. professeure à l’École supérieure de mode de Montréal, qui vient de lancer l’ouvrage La mode hypersexualisée.
1. Quand on lit le titre du livre, on pense à l’adolescente dont le string dépasse du jean, mais ce n’est pas que ça… La mode hypersexualisée est loin d’être réservée aux ados. Elle touche aussi les adultes, hommes et femmes. Certains gars n’empruntent-ils pas l’allure de proxénètes (gros bijoux dorés, jean baggy, bandana sur la tête ? D’autres portent la barbe de deux jours, qui suggère la vitalité sexuelle. La majorité des femmes ont intégré dans leur garde-robe des éléments auparavant associés aux prostituées tels que bas résille, microjupe ou sous-vêtements apparents. Cette mode se reflète sur le corps même : perçage de parties intimes, lèvres siliconées, épilation du pubis ...
2. Pourquoi un tel ouvrage ? La mode est le thermomètre de la société actuelle. J’ai voulu démontrer que les assises de la tendance hypersexy sont plus profondes qu’un simple courant esthétique issu de l’imaginaire des créateurs.
3. Que révèle cette mode sur notre société ? Elle fait écho à l’importance que nous accordons au sexe, à la consommation, à la jeunesse, à la performance, etc. Elle provoque une reconfiguration des âges : elle vieillit les fillettes trop jeunes pour procréer et rajeunit les femmes ménopausées. Cela modifie inévitablement les rapports sociaux.
Mariette Julien, La mode hypersexualisée, éditions Sisyphe, 2010.
Chatelaine, Mars-avril 2010, vol. 51.
Pour plus d’information sur ce livre
Mis en ligne le 3 mars 2010