Ce souci d’égalité est tellement présent chez les jeunes couples que Marie-Ève Surprenant, 31 ans, y a consacré son mémoire de maîtrise, paru sous le titre Jeunes couples en quête d’égalité (Les éditions Sisyphe). Elle a interviewé huit femmes et autant d’hommes de 20 à 30 ans, vivant en couple ou ayant déjà cohabité. Tous des diplômés universitaires. « C’était la première fois qu’ils prenaient le temps de réfléchir à la notion d’égalité dans leur foyer », raconte cette chercheuse dont l’union dure depuis 13 ans, mère d’un petit garçon et enceinte d’un deuxième enfant.
En théorie, note-t-elle, tous sont en faveur de l’égalité : les filles veulent être autonomes, les gars ne veulent pas paraître machos. Elles n’aspirent plus à devenir des superwomen pour concilier carrière et responsabilités domestiques ; ils ont envie de s’investir dans leur famille et d’exercer à fond leur rôle de père. Mais de là à dire qu’ils forment tous une équipe égalitaire, il y a un sacré pas ! « L’arrivée d’un bébé marque un tournant important, indique Marie-Ève Surprenant. Même chez ceux qui se croient égaux, c’est souvent la femme qui va mettre un frein à sa carrière afin de s’occuper de l’enfant et d’organiser le quotidien. » Et les hommes ? « Ils sont prêts à faire leur bout de chemin, mais se considèrent la plupart du temps comme des aidants : ils font l’épicerie, une liste à la main, et demandent ce qu’on va manger pour souper ! »
N’empêche, c’est la première génération qui récolte les fruits du féminisme. « On ne pouvait quand même pas s’attendre à ce que tout se règle en 30 ans... » reconnaît la chercheuse. Déjà, ces adultes peuvent se réjouir d’avoir fait éclater l’ancien modèle, celui de leurs grands-parents. Il ne leur reste qu’à en inventer un nouveau !
Extrait, Châtelaine, août 2010
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Mis en ligne, le 11 septembre 2010