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La mode hypersexualisée, une mode controversée

par Mariette Julien

Les codes de la mode hypersexualisée expliqués.

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Gilets bedaines, nombrils à l’air, strings qui dépassent des pantalons taille basse, dessous dessus, jeans moulants, bretelles spaghetti, décolletés plongeants, vêtements transparents… la pudeur semble avoir disparu des tenues vestimentaires contemporaines. Certains diront que les préoccupations culturelles concernant le dévoilement excessif du corps de la femme existent depuis longtemps et que « ce que nos yeux classent spontanément dans le registre de l’obscène est fortement influencé par une échelle hiérarchique de valeurs qui coulisse avec le temps » (Gautrand, 2002 : 193). Par exemple, au début du XIXe siècle, on considérait le caleçon comme indécent, alors qu’à la fin du même siècle, il était devenu indécent de ne pas en porter (Barbier et Boucher, 2004). Néanmoins, ce n’est que depuis le début du XXe siècle que le corps féminin a commencé à se dévoiler comme jamais auparavant. Qui plus est, avec la mode hypersexualisée, c’est la femme contemporaine qui aura exposé le plus de parties de son corps en public jusqu’à maintenant.

Même si la nudité des femmes a toujours suscité la controverse, il semble que ce soit surtout la représentation symbolique d’une femme aux mœurs légères qui pose problème dans la mode hypersexualisée. Pour la première fois de l’Histoire, des femmes non prostituées acceptent d’adopter les codes vestimentaires etcorporels de la prostitution pour jouer le jeu de l’appétence sexuelle. De plus, ces femmes ne sont pas toutes en âge de procréer, puisque des fillettes, des ado-naissantes, des adolescentes et des femmes ménopausées suivent cette mode. La société se voit ainsi confrontée à une reconfiguration des âges, mais également à de nouveaux rapports sociaux, puisqu’on impose les corps sexualisés de femmes, d’adolescentes et d’enfants à l’ensemble de la communauté. Il ne s’agit plus de tolérer une minorité de « travailleuses du sexe » s’exposant à des clientèles averties dans des lieux circonscrits, mais bien d’accepter que l’intimité des un-es soit imposée au regard des autres dans l’espace public.

Ce nouvel environnement social entraîne, entre autres, des transformations au niveau des structures perceptives des individus adultes et juvéniles constamment confrontés à cette intimité. On est alors en droit de s’inquiéter de voir des « fillettes transformées en objets de désir alors qu’elles n’ont pas encore les moyens d’être sujets de désir » (Poulin et Laprade, 2006 : 1), sachant que le nombre d’adultes friands de pornographie juvénile augmente (Poulin, 2004). On peut aussi s’interroger sur les conséquences du retour en force des stéréotypes sexuels (Bouchard, 2007) ou, encore, de l’augmentation de la vulgarité entre filles (Langelier, 2007 : 82-85). Est-ce souhaitable que des universitaires se traitent ouvertement de salope ou de pute sans en être offusquées (ibid.) ?

Se pourrait-il qu’à force de voir des femmes sans cesse représentées comme objets sexuels, voire comme un fantasme masturbatoire, hommes et femmes finissent par regarder toutes les femmes de la même manière ? Une hypothèse qui mérite réflexion quand on sait combien les mécanismes du cerveau privilégient la pensée déductive, celle qui demande le moins d’effort mental et qui résulte de l’habitude. Une information souvent emmagasinée en mémoire finit par devenir une vérité pour notre cerveau, une donnée référentielle qui guide nos perceptions et nos comportements (Everaert-Desmedt, 1990). Ce n’est pas sans raison que l’environnement dans lequel nous évoluons finit par nous modeler. Et c’est encore plus vrai en ce qui concerne les enfants et les adolescents puisqu’ils n’ont pour seule vérité que l’environnement qu’ils connaissent. Il va sans dire qu’on ne peut nier l’impact de la sexualisation envahissante de l’espace public sur la façon de penser et d’agir des gens, et plus particulièrement des jeunes.

Par ailleurs, dans un monde d’images comme le nôtre, il devient facile de considérer son propre corps comme une image (Marzano, 2007). Et dans un monde de sexe comme le nôtre, il devient tout aussi facile d’opter pour une image sexy. De là le succès de la pin-up. On accuse souvent les femmes de choisir de se présenter comme des objets sexuels, mais dans les faits, elles cherchent à correspondre aux normes culturelles et aux attentes des uns et des autres. D’ailleurs, la plupart des femmes prétendent pouvoir dissocier ce qu’elles projettent de ce qu’elles sont. Le problème, c’est qu’elles ne peuvent en espérer autant des autres. La façon de se vêtir influence immanquablement la perception d’autrui. Si l’on affiche une allure hypersexy, les autres vont nous percevoir comme étant disponibles sexuellement. Chacun adapte ses communications et ses actions en grande partie en fonction de l’apparence de l’autre (Alison, 2000). Personne n’y échappe. (...)
(Fin de l’extrait)

  • Mariette Julien, La mode hypersexualisée, Les éditions Sisyphe, Montréal, 2010, 120 pages, 10$ l’unité + taxe en librairie. ISBN : 978-2-923456-15-7. Disponible en librairie au Québec.

    Ce livre contient aussi un excellent glossaire grâce auquel vous saurez décoder tous les symboles de la mode hypersexualisée.

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    Mis en ligne le 4 janvier 2010

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