Jean-Claude St-Amant - Les garçons et l’écolepar
Pierre Dubuc
St-Amant passe en revue en les critiquant les « solutions » vantées par les médias comme la non-mixité à l’école, l’embauche d’un plus grand nombre de professeurs masculins, l’organisation d’activités sportives pour les garçons seulement. Et il propose des solutions. Selon votre estimation, quel était en 2000-2001 le taux de décrochage respectif des garçons et des filles de 17 ans ? Une étude réalisée auprès du personnel scolaire démontre que 80% des répondantes et des répondants l’établissent à 16% et plus dans le cas des garçons, le quart le situant même à plus de 30%. Dans le cas des filles, 36% l’établissent à moins de 8%. Or, suivant les données du Ministère, le taux de décrochage des garçons et des filles se situe à ce moment-là entre 8 et 15%. Chez le personnel scolaire, il y a donc une très nette surestimation du taux de décrochage des garçons et une sousestimation de celui des filles. Dans son livre Les garçons et l’école, Jean-Claude St-Amant attribue cette fausse perception au battage médiatique sur la « guerre des sexes » où on met une emphase démesurée sur le « malaise des garçons ». Il affirme également que, sauf en langue d’enseignement (lecture et écriture), les garçons n’affichent aucun retard particulier par rapport aux filles, peu importe la matière, que ce soit au primaire ou au secondaire. Pourtant, l’enquête démontre que la majorité (55%) du personnel enseignant croit que les filles dépassent les garçons dans toutes les matières. Malgré tout, il est indéniable que les filles réussissent mieux. Elles sont 92% à obtenir le DES, contre 83% pour leurs consoeurs canadiennes et 80% pour les filles des pays de l’OCDE. Le diplôme plus payant pour les filles Quelles sont les causes des plus grands succès des filles ? St-Amant soutien que l’efficacité économique très réelle du diplôme n’est pas la même selon le sexe. Les avantages salariaux chez les garçons à l’obtention d’un diplôme collégial technique plutôt qu’un diplôme de formation professionnelle sont tout à fait négligeables. Les filles ne sont pas dans la même situation. Après des années d’études supplémentaires, elles se retrouvent sur le marché du travail avec des conditions à peu près analogues à celles de leurs confrères qui n’ont pas fait ces études. À cause de la structure du marché du travail qui leur est défavorable, la persévérance scolaire des filles constitue donc pour elles une voie vers l’égalité. Les fausses solutions à la désaffection des garçons Quelles sont les causes de la désaffection de certains garçons face à l’école ? C’est le cœur de l’essai de St-Amant. Il cible une certaine culture masculine basée sur une vision négative de l’école, une culture du jeu, un refus de reconnaître aux filles une meilleure performance scolaire. Cette situation serait particulièrement marquante dans les milieux ouvriers et populaires. St-Amant passe en revue en les critiquant les « solutions » vantées par les médias comme la non-mixité à l’école, l’embauche d’un plus grand nombre de professeurs masculins, l’organisation d’activités sportives pour les garçons seulement. On doit admettre après la lecture de son opuscule que beaucoup des idées reçues sur le sujet ne tiennent pas la route. St-Amant propose des solutions pour améliorer la réussite scolaire. Des mesures pour contrer efficacement l’effet des facteurs associés à l’échec et à l’abandon scolaire qui sont les mêmes pour les garçons et les filles. Elles auront, soutient-il, nécessairement pour conséquence de réduire les écarts, puisque plus de garçons que de filles en bénéficieront. Des actions prioritaires en milieu socio-économique faible. Il propose trois voies d’entrée : 1. une intervention soutenue contre les stéréotypes sexuels ; 2. le développement des pratiques de lecture ; 3. une éducation à la prise en charge de sa scolarisation par les élèves. Le livre petit format d’à peine 120 pages est à lire absolument. Jean-Claude St-Amant, Les garçons et l’école, Montréal, éditions Sisyphe, 2007. Pierre Dubuc, "Les garçons et l’école", l’aut’journal, 03 octobre 2007. Mis en ligne le 8 novembre 2009 |
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