Poésie québécoise
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Voix de femmes, voies du désir et de la tendresse
On connaît l’important bulletin informatique que produit Sisyphe à propos de tout ce qui entoure les événements touchant au féminisme ou aux écrits et actions des femmes. Voici que les Éditions du même nom nous proposent un recueil de poésie d’une des éditrices, La Plénitude et la Limite, d’Élaine Audet.
Voix ambrée qui parle le féminin au plus près, dans une sensualité matérielle qui fait appel aux sens, touchant le pourtour des choses comme des signes de vie. Cette « langue tumultueuse s’accorde avec le corps » afin que « la chair libère d’un coup tous ses oiseaux ». Élaine Audet parle ainsi dans la « vivance », dans ce qui d’elle et de l’autre sait inscrire le désir : « Je garderais sur les lèvres / Un goût de rosée et de citron / La palpitation éclose dans ma main [...] Dans l’acuité nue de l’instant / Alors tu me donnerais enfin mon vrai nom. »
Cette recherche du geste qui s’accorde au corps de l’aimée, elle en avoue l’urgence en toute simplicité : « J’ai le désir de ton désir à nul autre pareil », car, là, « de vertigineuses funambules / jour après jour / jouent leur vie ». Et jamais n’est exclue l’angoisse de la perte, de la fin ou de la mort.
L’instabilité des sentiments comme des présences est prise en compte avec l’exactitude de qui sait regarder les faiblesses comme les doutes au coeur de cet éphémère passage qu’est la vie. Il faut donc se faire phénix « pour renaître de tout et de rien / de cette mort advenue / Pour que la vie jamais ne meure ». En effet, dehors il y a la guerre, dans les écrans les massacres, contre lesquels il faut une parole forte de vivante, et se rappeler que « Toute femme porte dans sa main offerte / Une ligne de vie intacte autour de la mort ».
Élaine Audet, La plénitude et la limite, éditions Sisyphe, coll. "Poésie", Montréal, 2006, 80 pages.
Hugues Corriveau, Le Devoir. édition du samedi 2 et du dimanche 3 septembre 2006.
– Information sur ce livre
Mis en ligne le 5 novembre 2009.