Élaine Audet – Abolir la prostitutionpar
Louise Dionne
Élaine Audet se déclare ouvertement abolitionniste. Ainsi nous propose-t-elle, dans un court essai, une déconstruction des principaux arguments utilisés par les tenants de la « libéralisation » de la prostitution. Les abolitionnistes - ou les néo-abolitionnistes - voient, dans la prostitution, une forme d’exploitation sexuelle inscrite dans les rapports de domination. Le discours dominant revendiquant la légalisation de la prostitution est, pour elles, une aberration qui ne profite qu’à ceux qui exploitent les personnes prostituées. Élaine Audet se déclare ouvertement abolitionniste. Ainsi nous propose-t-elle, dans un court essai, une déconstruction des principaux arguments utilisés par les tenants de la « libéralisation » de la prostitution. Elle s’attaque aux mythes glamour créés autour de la prostitution et à une certaine hypocrisie ambiante envers la violence vécue par ces femmes. À partir de recherches féministes, elle nous explique que la violence est inhérente à la prostitution et que celle-ci n’est pas un libre choix. Elle y interpelle aussi les autorités politiques et une certaine gauche qui optent pour une approche complaisante envers les partisans de la reconnaissance de la prostitution comme un « travail ». Elle s’indigne de leurs revendications concernant la légalisation de la prostitution, critiquant la légitimité de l’opposition faite entre les droits des femmes et le droit de commerce. Elle nous informe aussi que dans les pays où la prostitution a été « légalisée », la prostitution locale a été rapidement supplantée par le trafic sexuel, augmentant l’insécurité tout en instaurant, au sein de ces pays, une culture prostitutionnelle aux conséquences néfastes sur le statut des femmes en général. Un autre mythe qu’elle dégonfle est celui des clients - ou plutôt celui de leur absence dans le débat. Qui sont-ils ? Pourquoi leurs demandes sexuelles sont-elles considérées comme un droit inaliénable ? À l’instar du gouvernement suédois, madame Audet prône l’interdiction de l’achat de services sexuels, ses arguments étant que cela ne sert à rien d’interdire la prostitution si ceux qui la consomment peuvent le faire en toute impunité. Elle s’inquiète également de l’absence d’intérêt envers les proxénètes, l’industrie du sexe et leur lobby. Elle s’interroge : « ne sont-ils pas principalement issus du milieu du crime organisé ? » Pourquoi « tout se passe comme si seules les féministes abolitionnistes, les forces policières et les tribunaux étaient responsables de la violence envers les femmes prostituées » (p. 82). Autant de questions posées que de pistes de réflexions. Qu’en est-il du discours normalisant la sexualité violente, le tourisme sexuel, l’hypersexualisation, la pornographie et la « pornographisation », c’est -à-dire de cette mécanisation de la sexualité ? L’essai se Élaine Audet, Prostitution, perspectives féministes, éditions Sisyphe, 2005, 120 p. Relations, Numéro 712, Novembre 2006, p.40. Pour plus d’information sur ce livre Mis en ligne, le 5 novembre 2009 |
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